sábado, 30 de marzo de 2013

Ratatiné et engoncé.





Il est devenu une éponge alors il marche sur le quai dans les pas des autres. Il observe ce pays de la médiocrité, du petit, du ratatiné.

Il s’assoit au bord du trottoir pour griffonner sur un papier ce qui vient de lui sauter aux yeux. Il angoisse de ne pas retrouver son stylo au fond de son sac.

Il appartient à cette nation et en même temps, il se sent détaché. Les gens sont vieux, chauves et bedonnants. Ils vivent dans la peur que leurs dahlias ne crèvent, que leurs rosiers ne gèlent. La musique est scandée, militaire, pas un cheveu ne doit dépasser. Les chefs d’orchestre sont des automates. Des panneaux  d’interdiction ponctuent les murs. Rien n’est laissé au ressenti, tout doit être calculé. Rien n’est rêvé.

Phrases attrapées à la volée : Oui, j’aimerais bien acheter un microonde, mais avant, il faut que je fasse une étude de marché.

Ils vivent et meurent engoncés dans leurs plis de pantalon bien repassés. Même les bulles de champagne ne leur font pas oublier les factures à payer.

Les gens s’entassent sur le sable et s’entourent de parasols, ballons, chaises pliantes, coussins gonflables, serviettes, radio, magazines … et au fond d’eux nichent leurs émotions mais elles ne percent pas.

Ses yeux se craquèlent en cherchant un point à l’horizon. Il écrit sur une serviette en papier mais n’entre pas dans le vif du sujet.

Autour de lui, les vieux endimanchés parlent de douleurs et de santé. Ou plutôt de statistiques et d’évaluation.

Les antis inflammatoires n’agissent pas. Les petites gouttes sont comptées et recomptées trois fois par jour. Elles ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Un scandale!

Une femme aboie, un enfant pendu au bout de son bras. «  Quand tu seras calmé, je te lâche ». Phrases entendues, reconnues, phrases sans âge. Pas très efficaces. Le môme braille comme un putois et se tortille. Tout rouge.



Il assiste à la scène, toujours assis en crapaud sur l'asphalte. Les cris lui brisent les tympans.

Son regard fait le va et vient. Horizon-enfant, horizon-enfant. Il prend conscience.

Il observe cette foule comme on examine ses points noirs dans le rétroviseur.
La laideur de ces gens est à la hauteur de la sienne. Et réciproquement.
Il a devant lui l’océan et il gobe le vent. Les cent quatre-vingt  degrés du ciel enveloppent sa tête et lui font du bien.

Il reste là sans bouger. La sensation d’être enfermé lui donne envie de courir. Il regarde ses pieds qui ne bougent pas et ne se décident pas. Il expire.

La liste des choses à faire l’asphyxie. Mais quelles choses à faire ? Quel est le tracas ? Il ne comprend pas cette obsession qui le hante. Quel est ce devoir qu’il s’impose ?

Les rochers affleurent. La marée basse a laissé toutes sortes d’épluchures derrière elle.

Marcher, il se résout à marcher. Il traverse la foule, passe entre les coussins gonflables, les revues, les serviettes en faisant très très attention. Un seul pas de côté, une seule entrée inopportune sur le territoire du vacanciers et ce sera le sarcasme cinglant voire l’engueulade. Aujourd’hui, il s’en tire bien, il aura juste droit au foudroiement du regard.

Sable dur, sable mou. Ses pieds s’enfoncent et refont surface. Les chaussures se remplissent.

Les oiseaux courent au bord de l’eau. Leur nuage change de couleur à chaque mouvement et passe du blanc au gris clair, du gris moyen au gris anthracite. On dirait des mouches sur un miroir.

En face, les maisons sur l’île apparaissent distinctement. A gauche, en revanche, un autre îlot se fond dans la brume.

Les frissons parcourent par vague ses vertèbres.

La mer le soigne, imperceptible.

Il ne peut plus la quitter. Il scrute les pattes rouges des mouettes qui tricotent à toute vitesse. On dirait des petites dames au caractère bien trempé. Elles ne se laisseront pas faire celle-là.

Il se sent éparpillé, de partout et de nulle part. Apatride. Il se retrouve sans  aucun lieu d’appartenance.

Il essaie de se détendre mais il coince. Oxydé. Il fait l’effort de décontracter les muscles de son cou, de ses épaules.

Il s’étrangle, il soupire, rejette loin ce grand linceul d’idées noires. Chaque jour.

Il quitte le sable, monte les escaliers de bois et s’installe sur une chaise.

Tout le monde rit autour de lui. A la terrasse du grand café. Mais qu’est-ce qu’il fait là ?

Le soleil très loin maintenant éclaire des volutes de nuages.  A chaque table, il y a une blonde.

Les pâtes aux champignons sont arrivées. Il se sent gros et laid. Il ne peut plus aboutonner ses pantalons. Il rêve d’être en pyjama au fond d’un lit. Il y a une douceur de vivre qui ne l’atteint pas.

Voilà, il a avalé ses pâtes à la vitesse de l’éclair et maintenant que faire…

Il se trouve  au cœur de la foule mais il voudrait être au cœur des choses. Il ne réussit pas à savourer. Il se sent à bout de nerfs, à bout de forces, au bout d’un chemin qui s’est tant de fois répété.  Il veut tout et son contraire. Se coucher et se lever. Parler et se taire. Etre seul et accompagné.

Mais quel est le prochain épisode ? Même son caleçon a perdu son élastique. Dans les toilettes, il remonte sa fermeture éclair, se savonne les mains, se tapote les cernes avec de l’eau fraiche. Il règle à la caisse.

Devant le grand café, sur le quai, il reste planté là, à l’aise nulle part. Partir à droite, partir à gauche ?

Il craint d’exploser.

Il n’aime pas l’homme qu’il devient. Un apothicaire du chiffre. Comptant et recomptant, calculant et recalculant sa petite monnaie, les heures, les minutes, les grammes.

Il n’aime pas cet individu triste et sec qui oublie de vivre et de respirer. Il contrôle jusqu’au dernier centime dans la peur du manque. Il se frustre. Il s’interdit le superflu, les gâteries. C’est le Picsou des quartiers bohèmes.

Il n’aime pas ce personnage, et pourtant il le côtoie tous les jours. Il se déplaît franchement.

 

miércoles, 27 de marzo de 2013

Célibataire.





Célibataire, c’est libertaire, pourrait ponctuer le psychanalyste.

Dans son appartement, elle boit trois bières en écoutant « Assise en tailleur sur son canapé ».  Elle ne fait pas de miettes de Savane. Ici, il n’y a pas de savane et encore moins de Papy Brossard.

Mais elle fait tomber ses cendres sur le parquet. Finalement c’est pareil: les miettes, les cendres…elle n’attend personne. Les continents  sont vides. C’est la toundra à 360 degrés. En Amérique, en Europe, en Asie… Personne.

Elle est amoureuse. Son cœur tremblote. Pour qui ? Pour personne. Pour l’absent. Le grand absent. Celui que le concierge n’annoncera jamais.

-Allo Mademoiselle,  c’est de la part de Personne.

-Mais, oui bien sûr, faites entrer.

Elle est en fait amoureuse de l’œil qu’elle imagine qui la regarde. Juste au-dessus d’elle, un cadrage en plongée vers le canapé.

Un œil qui la suit partout, toujours. Un œil qui n’existe pas mais qui dirait s’il avait une bouche «  Quelle belle fille ! Oui, quelle belle fille ! »

Célibataire entourée de lumière froide.

Avec toujours cette même rage de vivre. C’est bien ma fille. Je suis amoureux. Elle est amoureuse. Une gorgée et une chanson.

Un appartement. Les murs repeints en blanc. La vie repeinte en blanc, enfin en exagérant un peu tout de même. Ce qui est son lot.

Elle court derrière cet absent. Encore et toujours. Il porte tous les noms possibles. Interchangeables. Papa, fiancé, copain, amant, ami, inconnu, frère, époux, régulier, intime.

Célibataire sous un plafond en lambris. Accompagnée par son œil. Dans son appartement aux murs blancs. Elle sirote.

Le concierge ne sonnera pas. C’est dimanche soir et puis elle est célibataire. Seule avec son œil tout nu.

Elle raconte ses souvenirs. Elle les exhibe. Ça lui donne à chaque fois  l’impression de vomir un petit ovaire tout rouge sur la feuille.

Elle le met à distance, le regarde, l’examine. Il existe encore mais il n’est plus en train de bouillir à l’intérieur d’elle-même.

Les gens peuvent l’observer, l’adopter, le triturer et puis partir avec.
Il sera éparpillé, éclaté et vibrera chez d’autres personnes.
Elle sait qu’il voyagera, qu’il continuera de vivre.
Il palpitera longtemps. Ailleurs. Plus loin.

Un petit ovaire rouge consommé, donné en pâture. C’est ça qu’elle veut : partager son monde intérieur. Ainsi, il ne disparaîtra pas. Il sera tenu au chaud mais à distance. C’est plus facile à conserver.

Alors, elle rédige une petite annonce au crayon à papier. Elle écrit de l’autre côté du papier aluminium trouvé à l’intérieur du paquet de cigarettes :

Recherche lecteur assidu
et disposé à héberger
petit souvenir couleur rouge ovaire.
Pas sérieux s’abstenir.

A l'enfant.





A l’enfant qui ne paraît pas.

 
Il s’en passera du temps avant que tu ne naisses.
L’eau coulera dans les ruisseaux,
Mes larmes aussi.
L’hiver et l’été continueront leur ronde,
Et tu ne seras pas de la fête.
La nuit se fera calme,
Mais pour t’endormir
Ça n’en vaudra pas la peine.
Le soleil fera la course
Sans connaître ton ombre.

Comme un chat.


 
 
Comme un chat, elle retombe sur ses pattes.

Comme un chat, elle se lèche l’entrejambe.

Comme un chat, elle épie quand la nuit vient.

Comme un chat, elle s’allonge sur la couverture.

Ici s’arrête la comparaison.


lunes, 25 de marzo de 2013

Ma soeur la Nuit.


 
 
Yo de la noche vengo y a la noche me doy…

Soy hijo de la noche tenebrosa o lunática…

Tan sólo estoy alegre cuando a solas estoy

y entre la noche, tímida, misteriosa, enigmática!


¿Cuándo vendrá la noche que jamás se termina?

León de Greiff.1918.
 

 
La nuit qui ne se termine jamais est enfin arrivée pour lui. Un frère repose sur son lit de mort.

Je plante les choses autour de moi, fabriquer un chez moi, avoir des copains et des amours, je souffle, je respire, tout me semble léger et puis tout à coup très lourd.

Je crève et j’en ris, je ris et j’en crève. Je ne veux plus retourner là-bas, de l’autre côté des abysses. Il n’y a plus personne.

Je suis soeur de la nuit ténébreuse et lunatique. J’erre au fil des rues, au fil des discos, au fil des verres, au fil des hommes, et puis tout à coup, je me reprends.

Je plante mes petites graines de raison, pour être bien. Je cherche chez les autres l'endroit confortable que je ne trouve pas chez moi. Et puis finalement je détruis tout comme on piétine les plates-bandes du voisin qui nous énerve.

Rien n’avance à la bonne vitesse. Encore attendre, encore suspendre, remettre au lendemain, à la semaine prochaine ou à l’an nouveau.

Le ciel gris plombé passe au-dessus de ma tête. Je voudrais en profiter, le boire jusqu’à la lie mais je ne sais pas comment…j’ai le derrière engouffré dans ce canapé.

La mâchoire serrée me donne des crampes d’estomac.

Je voudrais vomir ma rancœur sur les pieds des passants…mais quelle rancœur ?

Je ne sais plus à qui j’en veux ? La haine m’abrutit et je reste somnolente. Le dos en compote et les pieds froids…mes yeux voudraient cajoler mais ils louchent et ne voient que le ciment et la poussière…les embouteillages, la fumée, le goudron…

Tout me gerce même la petite tourterelle à la queue marron qui se pose sur la pelouse…

Les heures sont aussi longues que l’avenue qui traverse la ville.

C’est une petite déprime au goût de rien, une petite déprime sans avant et sans après…une petite déprime de citadine enfermée dans une boîte…une petite déprime de fonctionnaire sans cause, sans conséquence, qui passe inaperçue, pas plus épaisse qu’une chiure de corbeau qui tombe dans le bleu azur.

Mais ma sœur la Nuit viendra…
 
 

Chocolatina Jet.4.



J’aligne les images sur la table et j’interprète telle une pythie ces petits morceaux de papiers que je découvre avec impatience dans les barres de Chocolatina Jet.

Cet art divinatoire m’enthousiasme, me détend, ou m’angoisse. Je le recommande à tous car il est le moins coûteux du marché de la voyance.

Alors tirage de la semaine !

Je suis un baobab qui absorbe de l’eau par mes racines et la conserve dans mon tronc. Je l’utilise en période de sècheresse. Pas mal ça. Je vais planter mes racines bien profondément. Je vais être tranquille tel un vieux sage dominant la savane.

 Non ! J’entends déjà les tronçonneuses. Vraiment pas une minute tranquille.


Stigmaria. Je suis une stigmaria. Qu’est-ce que c’est que ça ? Aucune idée. Je ne sais plus qui je suis. Problème d'identité.





Je suis un moineau, un vulgaire moineau domestique. Après tout pourquoi pas, c’est peut-être mieux que d’être réincarnée en stigmaria. Il est précisé que mon chant est simple mais qu’il se distingue par son intensité. Je me suis enfin fait remarquer pour quelque chose. Ce n’est donc pas pour rien que je m’époumone depuis tant d’années.


Deux girafes, c’est mignon. D’habitude je tire toujours des bestioles moches, des microbes et des pierres. Et pour une fois, elles vont par deux. Il faut y voir un bon signe.


 

Je suis une grotte. L’érosion de l’eau a créé un spectacle surprenant. Stalactites et stalagmites: souffrances et bonheurs pétrifiés dans le calcaire. Je visite les souterrains et découvrent les entrailles d’un monde caché.

 

Je suis la planète Mars. J’ai reçu le nom du dieu de la guerre à cause de ma couleur rouge. Ou plutôt à cause de mes colères noires qui explosent sans crier gare. C’est la cible des sondes interplanétaires. Il y a un siècle, on la pensait habiter par des êtres intelligents. Déserte actuellement.


Je suis un changement climatique. C’est joliment dit. Une époque glaciaire. Les animaux et les plantes ont quasiment tous disparus. L’homme, l’être vivant le plus important s’est développé pendant cette période. Le plus important, vraiment ? J'aimerais pourtant qu'il prenne la seconde place.



Je deviens une éclipse de lune. L’atmosphère de la Terre agit comme un écran et son satellite reste faiblement illuminé. Les rayons du soleil n’éclairent plus la lune. Je savais bien qu’en ce moment j’avais certaines difficultés à distinguer ce qui m’entourait.

 

Le caméléon possède une longue langue collante qu’il lance pour attraper des insectes. Il est bon grimpeur et vit à la cime des arbres. Pour se protéger, il se confond avec son habitat en changeant de couleur. Il a un physique qui m'est vraiment sympathique mais je redoute son hypocrisie. En revanche, l’idée d’une longue langue collante me plaît bien…

 

Je suis une ribambelle de petits oiseaux. Je suis donc pluriel. Ils ne savent pas voler mais nagent très bien sous l’eau. Ils sont résistants. Ils peuvent supporter le froid, la faim. Ils marchent sans se fatiguer. Mâle et femelle couvent leur œuf. Ils sont solidaires. Ils sont fidèles et se protègent l’un l’autre. Ils sont téméraires. Ils sont habitués à survivre. Un portrait intéressant, mais est-ce qu’on peut faire un échange? Je permuterai bien la fidélité du pingouin contre la dextérité de la longue langue collante du caméléon.  


 
 
Ô Chocolatina Jet!
Ton fabuleux oracle m’aura encore ouvert les yeux et il m’aura par la même occasion un peu bousillé le foie. Trop de chocolat cette semaine. Peu importe. À quelque chose malheur est bon. Mon dieu ! Je parle comme ma grand-mère.

Précaution d’utilisation : Ces images ne sont pas un miroir. Veuillez excuser leur imperfection à réfléchir.

 La suite aux prochains tirages…C’est sans faim.





 

Compenetrados.


 

Texto original en francés.
Traducción : Adriano Moreno.

En la costa caribe. En alguna parte de un barrio de esos que llaman populares. Un barullo se hace escuchar por toda la calle. Una mezcla de llantos de niños y de programas de radio.


Las señoras andan escoba en mano. Son las 10:33 de la mañana y ellas van rascando las colillas a empujoncitos frente a sus puertas. Van armando montoncitos de polvo. Con dejadez.
La vida va corriendo suavemente. Bajo el calor que abruma. Todos los días lo mismo; sin posibilidad de indulto.
Pasa una cicla. Vendedor de aguacates, de limones o de ollas. O de traperos. O de lotería.

 
Y ella. Ella está allí, espichada contra el andén como una guanábana. Aterrizó allí sin saber por qué. Está sentada delante de una casa ajena, en la calle de una ciudad ajena, en un país ajeno.

 

Está desconectada de toda pertenencia, de toda señal que pudiera acercarla a su infancia. Sin embargo, no todo resulta completamente ajeno en este escenario de otro mundo.

 

El olor de las sábanas sucias al entrar al cuarto le es tan familiar Y los pedacitos de jabón tirados en el borde del lavamanos y que seguirán sirviendo hasta el último gramo.
O los autoadhesivos pegados en los muros para disimular los huecos, las mesas de tres patas, los armarios de plástico con cierre desgarrado, los almanaques vencidos colgados del muro, los bombillos desnudos, las pinturas chiteadas y el mugre pegado en los rincones.

 

La pobreza tiene una estética universal, observa ella.

Allá dentro el abanico continúa gruñendo. Hace girar sus tres pequeñas aspas azules. Será que sueña con ser helicóptero. Verdad que uno no tiene idea de con qué sueñan las cosas. Ella tiene la impresión de no estar haciendo un carajo. Tiene la impresión de que “hay mejores cosas que hacer” y, al mismo tiempo, tiene la impresión de  que “no hay nada mejor que hacer”.

 

Luego vuelve a encontrarse en el espacio-tiempo de antes de que cumpliera seis años, de antes de su entrada al colegio sin haber pasado por el kínder; de antes de su entrada en sociedad. Recuerda esas tardes pasadas al lado de su abuela y de su madre. Las veía coser y tejer… Mientras ella se llenaba la barriga de tajadas de pan untadas de queso camembert, de café con leche… de pastel rústico de cerezas en verano.

Las tardes se parecían y los días se sucedían. Ella buscaba nuevos dibujos para empezar en su bloc de colorear. Buscaba plumones  que sirvieran en la gran maleta amarilla, aquellos que no se le hubiera olvidado tapar. Se subía a las rodillas de su madre. Contemplaba las grandes manos rojas con la argolla de matrimonio entallada en la carne. Esas manos carcomidas por los ácidos de los productos de limpieza. Esas manos que secaban, que enjuagaban, que restregaban y hacían desaparecer el mugre que hacían los otros, esos otros que sí tenían con qué pagar una muchacha del servicio…

 

…esas manos que hoy, ya no son.


Esas manos, las miraba un momento y las veía correr como dos arañotas sobre las agujas de tejer. Luego se deslizaba bajo la silla y observaba el hilo de lana que iba pasando.
Y la bola de lana que en el suelo sufría sacudones bruscos, sobresaltos, uno lento, otro lento, tres rápidos. Un lento, un lento, dos rápidos. A veces había varias bolas de lana que bailaban al tiempo, juntas.

 

A veces atrapaba el hilo, lo dejaba deslizar y ¡pum! Lo trancaba de un golpe. Oía el regaño allá arriba. Lo dejaba pasar de nuevo entre sus dedos y ¡pum! Otra vez lo detenía, y de nuevo oía el grito. Descubría y estudiaba el encadenamiento de las causas y las consecuencias. Acción; reacción.

Tenía cinco años y no sabía que eso era la felicidad.

Lograba levantarse de nuevo, una vez más, luego de un descenso fallido del tobogán. Quedaba tendida cuan larga era por haber ensayado algo nuevo, del estilo: bajar de barriga con la cabeza adelante; pero sin poner las manos para amortiguar.

 
En par segundos estaba nuevamente de pie. Mirada a la derecha, vistazo a la izquierda, nadie se dio cuenta. ¡Rápido! Hay que subir de nuevo la escalera.
¡Caramba! Se arrancó las costras secas de las rodillas; el porrazo de la semana pasada. Se forma un hilito de río rojo que baja hasta el fondo del zapato. De malas. Sigamos. Esta noche mamá le pondrá eso rojo que no pica.

Hoy por hoy, le gustaría ser la hija de alguien. O también la mamá de alguien.

 

¿Lista para una nueva botada del rodadero? Con o sin descalabrada al final. Pero ya no hay nadie que la levante, ni que le pegue su esparadrapo. Eso lo sabe. ¿Entonces? ¿Será que hace cola allá arriba de la escalera? ¿No?... Pues ¡sí!


¡Ve! El vendedor de limones vuelve a pasar frente a la casa que no es la de ella.

 

Sigue sentada en el mismo andén desde hace tres semanas, frente a la tienda La Protegedora. La vida de barrio prosigue, siempre idéntica a sí misma. La gente pasa y se cruza; todos buscando mil pesos. Otros van en busca del tiempo perdido; pero pertenecen a otro continente.

Las mujeres pasean sus paraguas bajo el sol. Parecen enormes bombas de colores vivos que se mueven bailando. Las niñas pequeñas salen del colegio, uniformadas, con delantal de tirantas estampado con cuadrados de azul celeste. Con sus trenzas parecen Laura Ingalls de los trópicos. Sólo que sus ojos disparan una metralla negra.

 

El vendedor de guayabas para su carro. Cuenta su plata. El olor a fruta recalentada zahiere la nariz. El cielo está rayado con cables eléctricos. Los perros orinan.

 
Ahora se acuesta de lado en la cama, en el cuarto, el abanico pasa las páginas de su cuaderno. Automático. Ve pasar su escritura a toda velocidad. Página, página, página y luego se cierra y entonces aparece la carátula de corazones rosados y rayas azules. Dos segundos de pausa, y todo vuelve a empezar. Página, página, página, carátula. Página, página, página, carátula. Pausa. Página, página, página, carátula...

 
Palabras en bucle. La vida en bucle.
 
 
 



 

Calor.


 

Nos colamos en la hamaca. Un día entero en una hamaca.

Cerrar los ojos y sentirse absorbido. Abrir un ojo, cerrarlo. El cuello se pone pegajoso. El trópico nos enseña a todos la economía del gesto.

 
El cerebro se pone pegachento también. Las conexiones se derriten. El calor es un yunque apoyado sobre el estómago. El sol te hace desplomar. Las mallas del chinchorro se hunden poco a poco en la carne.

Esperar la hora siguiente, que precederá a la siguiente. La aplanadora pasa.

 
Pero la siguiente hora es idéntica, o peor. No hay remisión.
Entonces se espera el fresco de la noche, o la brisa, o la lluvia. Ni unos ni otras llegan.

Chorrean las junturas de los brazos, de los muslos, de las rodillas.

La lluvia que ya nadie esperaba, finalmente se va preparando. Tres gruesos goterones y de pronto cae a cántaros. La calle se torna un torrente de agua caliente. Los niños salen y se duchan en los chorros que vomitan las canales.

 
Pasa el aguacero. La temperatura no ha mermado ni un grado.

El asfalto hierve. Las bocanadas de calor son aún más potentes. Destaparon la olla a presión. Rogamos todos para que el sol se vaya.

Y entonces, de pronto, es de noche. Uno podría creer que alguien movió el interruptor ON/OFF. El bombillo se apagó. Pero la puerta del horno quedó abierta.

 
Uno se arrastra hasta la cama. Las sábanas exhalan un olor de sudores recalentados.

Uno enciende el abanico que jadea como un asmático, se impulsa suavemente y luego zumba.

Es, con toda seguridad y reiteradamente el menos perezoso de todos.

Remueve el aire como buenamente puede con sus aspitas.

El aire llega a las mejillas y ahora surge la sensación de que hubieran encendido un secador de pelo.

 
Ni un día, ni una hora, ni un minuto de tregua. A lo sumo treinta segundos cuando se abre la puerta de la nevera.

El cansancio es pesado y húmedo. Pasar y repasar el párpado sobre el ojo es extenuante. Es el esfuerzo de la jornada.

Uno se acuesta. Cada milímetro de piel aplasta el colchón. Los muros están cuarteados, pelados.


El cuarto tiene algo de san alejo, o tal vez de celda.

Los chiros y las toallas colgados de clavos, los chagualos en desorden bajo las camas.

Ninguna luz penetra aquí, un cuarto tuerto. El único bombillo difumina una luz pálida que se agota sin alcanzar siquiera los rincones de la pieza.

 
Sobre un remedo de repisa: máquinas de afeitar, desodorantes, jabones aventados en desorden.

Los rollos de papel higiénico andan por ahí revueltos con medias enrolladas que forman bolas.


Tendida sobre el lecho, en una camisa de noche estampada de flores turquesa, aquella mujer parece una muñeca de trapo tirada en un basurero.

Podría creerse que está secuestrada; pero no. Ha llegado a encallar ahí por voluntad propia. Abandonada.

Cada golpe le ha añadido una fisura al cristal de su alma. Un golpe más y volará en mil pedazos.

Ella preferiría acostarse en una caja acolchada con virutas y con la palabra FRÁGIL escrita con pintura roja.

Tiembla como si fuera la última hoja de un árbol.

Nada más.

 

Traducción Adriano Moreno.

 



 

viernes, 22 de marzo de 2013

Las ardillas.



Corre el mes de julio.

Tengo cinco años y mi hermano, doce.

Me dieron permiso de andar en vestido de baño todos los días. También puedo jugar con la manguera de regar el jardín.

Sigo a mi hermano por todas partes porque siempre se le ocurre hacer unas vainas increíbles.

Es el mes de las cerezas en el jardín de la dueña de la casa donde vive mi abuela.

La dueña nos da permiso, a nosotros los pobres, de cosechar las cerezas. Después repartimos la cosecha.
Mitad para ella porque son dos, mitad para nosotros porque somos seis.
Y luego la ponemos en frascos. Todo eso dura un montón.

Mi madre sube, sube muy alto en la copa del árbol. Tiene cincuenta años; pero es toda una ardilla. La dueña, la dueña no sabe abrazar los árboles. Se queda al pie, con los pies clavados en la tierra, y el culo demasiado pesado.

Mi mamá vuela; vuela y su cabeza aparece entre el follaje. Desaparece y aparece. Cada vez más alto y yo la amo.

Yo tengo permiso de hacer tonterías sobre la escalerita. Y si te lastimas, no vengas a lloriquear.
 
Mi hermano está en pantaloneta, con el torso desnudo, también quiero a mi hermano. Siempre hace unas vainas increíbles.
Gira los ojos y los pone en blanco para asustarme. Levanta la rueda de adelante de la cicla y anda, y anda, y anda sin parar.
Tira dardos, totea petardos, apachurra las babosas.
Me sienta en una rama alta cuando no quiere que lo siga más como un perrito faldero. Me pongo a chillar. Demasiado tarde; se largó. Vuelve a buscarme, mucho después.

Construye toboganes en las escaleras con cajas de cartón. Se hace escurrir la baba por los labios para darme asco. Pero mi mamá nunca alcanza a verlo. Chillo.
Los guacales se llenan y yo me hago aretes con las cerezas.

Soy la hija de mi mamá y solamente de mi mamá.

Cuando grande, yo también seré una ardilla voladora.
Mi pelambre será hermosa brillante, y recogeré avellanas que iré a esconder en el bosque.

Nadie las encontrará ¡y los ricos pueden irse al carajo! 

 
Traducción Adriano Moreno.