In medias res
Perception
Une journée de marche. Verte éclatante.
Paysages grandioses. Chaleur moite. Montagnes sculptées par les hommes. Rizières
en terrasses. Le corps ruisselle. Au bout du chemin, un village : Ta Phin.
Nord Vietnam près de la frontière chinoise. Descendre la rue. Apercevoir une
couverture de velours rouge à fleurs accrochée à la devanture d’une épicerie.
S’approcher.
Quelques jours auparavant sur une couverture identique à celle-ci, au milieu de mes affaires de toilettes, j’ai découvert une clé. Une clé qui ouvrait la porte d’une chambre dans un hôtel à quatre dollars la nuit à Hanoï.
Quelques jours auparavant sur une couverture identique à celle-ci, au milieu de mes affaires de toilettes, j’ai découvert une clé. Une clé qui ouvrait la porte d’une chambre dans un hôtel à quatre dollars la nuit à Hanoï.
Action
Décision 1. Prendre en photo la couverture.
Treizième jour de voyage. 20 000 km. Sensation d’avoir parcouru la moitié du
globe sans savoir où j’allais et puis, à cet instant, sensation d’avoir trouvé
ce que j’étais venue chercher. Ce grand rectangle rouge fleuri. Arrêt sur
image. Images de l’arrêt.
Décision 2. S’immobiliser en face de
l’épicerie et prendre en photo tout ce que le zoom atteindra et tout ce qui
viendra à moi.
Transmission
La vue d’une simple couverture déclenche une
action (dans ce cas, une inaction) et je compte sur le potentiel créateur de
cette action pour générer des images. Il s’ensuit un déchaînement de symboles et
de connexions qui va enrichir une mythologie personnelle. Les motocyclistes qui
me lancent un regard au passage, les enfants qui s’approchent, l’oiseau en
cage, la viande qu’on découpe, les parapluies qui s’ouvrent et se ferment, les
poubelles qui débordent, les chaussures couvertes de poussière vont revêtir de
nouvelles significations pour assouvir un désir qui ne peut l’être.
Sans cesse, j’entrelace l’art et le
quotidien, j’enchevêtre ce qui est public et ce qui est intime.
Sacrément.
Fab.LeB.01.11.2015.Bogotá.
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