miércoles, 29 de mayo de 2013

Haïku de pacotille.4.





Deux étrangers
Se rencontrent et brillent
Dans un livre.
 
Ecrivains et lecteurs
Par le biais d’une entremetteuse
Se livrent sur papier.

L’un qui écrit
Partage une intimité
Avec l’autre qui lit.

Sur les pages blondes
Ils n’osent même pas imaginer
La courbe naturelle.

Echanges pudiques
De vrais amants inconnus.
Dans un ouvrage.

L’amour consommé
Se raconte à demi-mots
Entre les lignes.

Ils siphonnent
Des deux côtés avidement
Ce qui grouille.

Ils se coupent les yeux
Tout comme la respiration
À la fin d’une phrase.

Délices et orgasmes
Au fil d’un Châteaubriand
Sans aucun doute.

L’univers fiction
Dépasse l’absurdité évidente
De la réalité.

Reconnaissance
Infinie pour ceux qui m’ont sauvé
La vie en trop.

 

martes, 14 de mayo de 2013

Ma mère est morte.


Ma mère est morte.
Aujourd’hui, ma mère est montée au ciel.
Non. Aujourd’hui, ma mère est morte.
Comme un poisson sorti de son bocal,
La bouche grande ouverte.
Aspirant,
Aspirant l’air.
Mais l’air ne veut plus rentré.
Il en a marre l’air ?
Il refuse.
Il a l’air.
Il a l’air d’avoir l’air.
Il se rebiffe.
Il entre.
Il entre.
Il entre.
Mais il ne ressort plus.
Les yeux à la renverse,
Et c’est fini.

Je pleure.
Il circule, en moi, l’air,
Par la bouche qui chuinte.
Par le nez.
Et ça fait des grosses bulles,
Des grosses bulles d’aérateurs d’aquarium.

Elle plane.
Je vais à la cabine téléphonique.
Elle me suit.
« Allo, ma mère est morte »
Elle m’écoute,
Elle me frôle.

Je retourne auprès de son écorce.
Je regarde ses doigts noueux,
L’alliance enfoncée dans la chair,
Son gros ventre rempli de plumes,
Comme un oreiller,
Son front plissé de soucis,
Le creux des yeux bleu gris,
Gris bleu,
La pointe derrière son oreille,
La pointe derrière mon oreille,
Marque du moule,
Moule familial.

Abandonner.
Il faut abandonner
Le corps,
Le ranger à la cave.
Dans le frigo.
Le conserver au frais jusqu’à la date.
A la date indiquée.

A la date limite,
Prendre note une dernière fois,
Des méandres de l’écorce.
Enregistrer.
Photographier.
Mémoriser.
Intérioriser.
La limite ne peut être franchie.
 
Après la glace,
Le feu,
Et encore le souvenir.
Après le feu,
L’air
Et la poussière répandue.

Dans les yeux
Sur la terre,
Sur la neige.

Et puis plus rien.
Rien.
Rien.

Ou bien si,
Si peu de chose.
Un souvenir.
La clé qui tourne
Dans la serrure
Et dans la tête
Et qui délivre
A quatre heure et quart
Du matin
Des monstres de l’avant.

Que vais-je faire
Maintenant
Des monstres de l’après ?
Sans ma mère.

 

viernes, 10 de mayo de 2013

Téquila. version 2.


 
Une fin de nuit. Des bouteilles, des verres. Putes et loups accoudés sur le zinc.

Une nana grimpée sur un tabouret de bar aborde un mec qui l’emmènerait bien à l’hôtel. Volume de la musique à déchirer les tympans. Conversation volée. Quiproquos et dialogue de sourds :

-Eh dis-moi, t’aurais pas un truc à m’raconter, j’ m’ennuie.

-…

-Non ? ben attends, moi, je vais t’en raconter. Ep ! Serveur ! Sers-moi une téquila et d’abord, t’es qui là ?!

-Tu viens souvent ici ?

-17 mars 1954, c’est ta date de naissance. Tu connais la mienne ? Ouais, c’est ça. Tu t’en bats les couilles. Comme c’est joliment dit. Dommage pour toi, tu perds quelqu’un à connaître. Je t’aurais bien raconté ma vie. J’irai la raconter à d’autres…

-Tu veux boire un autre verre ?

-Ouais …Et tu te crois qui,toi ? Mon père ? Laisse-moi rire. Tu penses y être pour que’que chose dans ma vie ? Ben, tu te fous le doigt dans l’œil… Ou p’t-être pas…t’as pt’être raison. Tiens r’garde le résultat !

-Mais tu parles avec qui là ?

-Je parle avec ma tequila. Enfin avec mon père. Enfin avec mon verre. Tu sais, c’ui qui dit que chuis pas sa fille. Enfin, moi, je dis : c’est c’ui qui dit qui y est. Et qu’est-ce que t’ajoutes à ça ? T’as mieux à dire. Ah ouais que ma mère est une trainée. C’est vrai, j’avais oublié l’épisode.

-Pardon ? j’ai pas compris

-J’ disais que moi aussi, j’en suis une ! Alors fais gaffe à ce que tu dis ou j’ te refais le portrait. Tu m’entends ?

-Tu t’appelles comment ?

-Eh t’es qui là, tu te prends pour le Sphinx, tu vas me poser une colle, c’est ça. Allez, range tes énigmes, va ! Arrête de jouer au beau ténébreux, t’es rien de plus qu’un sac de chair et d’os, un trois fois rien. …Pauvre lecteur ! T’as du mal à me suivre. Ben accroche-toi parce que le grand huit, c’est pas fini. Tu vas en avoir pour le prix de tes jetons. La tête à l’envers et tout le bastringue. Qu’est-ce que tu crois, la vie, c’est plus compliquée qu’un roman. Ah ouais, c’est trop te demander et ben retourne à tes Tintins. Ici, on est chez les guerriers avec ego surbroyé…

 -Tu veux qu’on danse ?

-Ah, ouais écoutez-le maintenant comm’i’se défend. Une pauvre petite bête qui s’ débat. Ah maint’nant, tu dis que t’es mon père. Eh faudrait p’t-être savoir mon vieux. Et si moi j’veux pas de toi. Ahaaaa t’avais pas pensé à ça. Ben pense-z-y bien. Et ouais avoir une fille auprès de toi pour agrémenter tes vieux jours, ça s’rait pas mal, hein ?

-Ben ouais ça s’rait pas mal.

- Bon allez, serveur ! Une tequila...et une pour le jeune homme-là. Il ne sait plus où il en est. Il a sa liste de compliments dans la poche mais il ne sait plus l’quel dégainer.

-On va sur la terrasse ? … (Putain, c’est qui cette nana-là ? Je lui dis que j’ai du lait sur le feu ou je reste encore un peu. Elle a un beau cul quand même…mais les répliques de feuilletons télé, ça marche pas…ça défrise.)

-La terrasse, j’m’en fous… T’es qui là, t’es qui toi, t’es qui moi, t’es qui, t’es qui, t’es qui, t’es qui, t’es qui là. La techno, ça a des effets pervers sur mon stylo, c’est le pur mix. Dans la transe, tout se mélange. Les rôles, les personnes, agresseurs, agressés, qui est qui ? T’es qui pour moi ? Je suis qui pour toi, tu me suis.

-Quoi ? Comment ?

- T’es complètement paumé, hein ? Ben j’vais pas t’aider, parce que moi aussi chui complètement paumée… Pauv’fille et pauv’gars sont faits pour se rencontrer sous les stroboscopes…Attends, on va demander notre chemin. Ep lecteur ! C’est par où ?

-C’est vodka !

-Mais qu’est-ce qui m’ dit lui. Téquila va !

miércoles, 8 de mayo de 2013

Play replay rewind.











 
Avance play replay avance rewind play arrière replay, la vie est une bande magnétique, les souvenirs, les habitudes, les troubles, les objets, la solitude, les envies de vomir, le vacillement dans la chaleur de la nuit, l’odeur de la ville, les arrières pensées, le bruit des amours virevoltantes, la recherche du partenaire, le bonsoir ça va, l’été couvercle de plomb sur les épaules, les sensations de l’extérieur, l’entonnoir dans lequel on glisse, happé, la poésie affligeante, le pétale sur ma cuisse, le manque de l’autre qui vous hante, le réel qui se découpe autrement, les oreilles sous l’eau,
avance play replay avance rewind play arriere replay, les bruits parviennent différents et identiques, le serveur qui rend la monnaie, les talons sur les pavés, les pneus qui crissent, le gargouillement du caniveau, pas un jour sans une ligne écrivait Pline ou bien un autre, l’accent des allemands, le rire de la fille qui glousse, juchée sur un tabouret de bar, la moto qui pétarade, les verres qui tintent, les martinets qui zèbrent le ciel, les lunettes qui glissent sur le nez , je voudrais qu’il me tende ses lèvres,  les mêmes choses ne disent pas la même chose, l’esprit transforme comme une épuisette remontée qui filtre le monde, une fourchette qui transporte jusqu’à la bouche des nouveautés reconnues, un petit bout de femme avec un petit bout d’homme, j’ai de la friture sur le détecteur de sentiments, j’ai des pointes, des clous et des marteaux qui traînent au fond de mon café, les mots déversent le trop-plein, permettent l’épanchement, le plaisir de vider son sac, la nappe a des fleurs roses et violettes, il y a même des papillons avec des antennes enroulées, avance play replay avance rewind play, certains voudraient faire voter une loi pour obliger le peuple à porter des jeans Diesel et des T-shirt Chevignon, avance play replay, au jeu du jokari, on se prend souvent une balle dans la tête, et elle frappe fort, quand on l’a envoyée très loin des années auparavant, avance play replay avance rewind play, il me propose une carte de fidélité où il pourra coller un sticker chaque fois qu’on fera l’amour, au bout de dix stickers, on a le droit d’avancer son pion d’une case, un moustique se brûle les ailes en s’approchant d’une lampe à bronzer, je retire les miettes de la chaise pour qu’il vienne s’assoir, avance play replay avance rewind play, une fois dévidée, la longue bande magnétique ressemble à un plat de choucroute noire que les autres peuvent observer avec délectation, envie, pitié ou mépris. Chacun assaisonne selon son goût.

 

 

 

 




 

 

martes, 7 de mayo de 2013

Tellement moi.


 
Tellement moi. Tellement loin de moi.

Je fais tellement ce que je veux. J’aime tellement frissonner. J’agis tellement sous l’impulsion du moment et de l’image.

N’être rien au milieu d’un appartement vide, et être tout dans un café bondé.

Être dangereuse sans avoir peur.

Attendre le regard ou le provoquer et puis, au bout du compte, rien avoir gagné, avoir perdu, vouloir se caser à tout prix tout en détestant la routine.

La contradiction comme un étendard.

Vouloir être mieux que les autres tout en voulant leur ressembler.

A quand la quiétude inattendue, désirée, refoulée ?

Être plus, se croire plus, ou l’être vraiment.

Attirer les hommes et vouloir les jeter aussitôt.

Les tenter, leur tenir chaud, les chambouler, les révulser, les irriter, les rapetisser, et leur faire mal, les consoler, les dégouter de soi, tout en les captivant. Mais au bout du compte, je multiplie 0 par 1000…résultat 0, évidemment la tête à Toto, la tête à zéro. Rien dans le ciboulot.

Passage obligé, passage qui dure.

Passage pas sage. Poursuivre pour suivre.

Mais pas en cage. Plutôt la rage qui donne le courage.

La vraie vouivre qui vire et revire.

Les rimes pauvres, comme des mendiantes, font la queue à la soupe populaire.

Raide est la vie qui vous transperce.

Nous sommes indomptables quand la tyrannie s’exerce et nous restons impuissants face à l’égalité. Nos corps se mêlent. Dominant, dominé dans un ballet sanglant de pure envie. Les chairs se secouent.

La mort pour surprendre et suspendre la seconde à rebrousse-poils.

Message d’amour pointu des carcasses soulevées.

Des phrases qui ressemblent à des chiures de mouche adolescente.

La vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

Je vous en prie, ne tirez pas sur l’ambulance. Elle a deux pneus crevés, une sirène asthmatique et on a piqué la roue de secours.

Tellement moi. Tellement loin de moi.

sábado, 4 de mayo de 2013

Haïku de pacotille.3.Sur le satin de mon trac.





Le déluge passé
La musique éclectique
Me frôle la peau

Câlin et pili-pili
Le soir s’approche excessif
Blessé par balle

J’ai hâte de sentir
Ses lèvres sur ma palissade
La bête se meut

Les pois du tissu
Me rappellent à l’ordre
Me neutralisent

Clichés fantaisies
Comme des bonbons acidulés
Qui me font rire

D’un sang neuf et vif
Je me sens irriguée et douce
Haute en couleur

Sous la retenue
En solo je me crevasse
Mais je tiens bon

J’imagine ses mains
Sur le satin de mon trac
Impressionnantes

C’est le déclic.
J’abandonne les mégots
Et je pense à lui.