domingo, 14 de abril de 2013

Quelques lignes.


 
 
Lire des lignes et les relire sans cesse, sans en croire ses yeux. Tout est là, une personne a réussi à mettre en mots ce que vous ressentez depuis tant d’années. C’est une expérience très commune. Qui ne l’a pas vécu ?
Mais cela reste extraordinaire pour soi. Et nous lisons des kilomètres de signes à la recherche de ces quelques lignes qui resteront graver. Pour nous.
 
Et celles-ci pour moi :
J’aurais dû me méfier cette nuit. Je n’aurais pas dû négliger les signes annonciateurs du malheur de vivre. Je ne possède rien d’autre que ma mort, mon expérience de la mort pour dire ma vie, la porter en avant.
Il faut que je fabrique de la vie avec toute cette mort. Et la meilleure façon d’y parvenir c’est l’écriture. Or celle-ci me ramène à la mort, m’y enferme, m’y asphyxie. Voilà où j’en suis : je ne puis vivre qu’en assumant cette mort par l’écriture mais l’écriture m’interdit littéralement de vivre. Je fais un effort, je m’arrache les mots un par un.
Jorge Semprun. L’écriture ou la vie.

 

 

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