martes, 14 de mayo de 2013

Ma mère est morte.


Ma mère est morte.
Aujourd’hui, ma mère est montée au ciel.
Non. Aujourd’hui, ma mère est morte.
Comme un poisson sorti de son bocal,
La bouche grande ouverte.
Aspirant,
Aspirant l’air.
Mais l’air ne veut plus rentré.
Il en a marre l’air ?
Il refuse.
Il a l’air.
Il a l’air d’avoir l’air.
Il se rebiffe.
Il entre.
Il entre.
Il entre.
Mais il ne ressort plus.
Les yeux à la renverse,
Et c’est fini.

Je pleure.
Il circule, en moi, l’air,
Par la bouche qui chuinte.
Par le nez.
Et ça fait des grosses bulles,
Des grosses bulles d’aérateurs d’aquarium.

Elle plane.
Je vais à la cabine téléphonique.
Elle me suit.
« Allo, ma mère est morte »
Elle m’écoute,
Elle me frôle.

Je retourne auprès de son écorce.
Je regarde ses doigts noueux,
L’alliance enfoncée dans la chair,
Son gros ventre rempli de plumes,
Comme un oreiller,
Son front plissé de soucis,
Le creux des yeux bleu gris,
Gris bleu,
La pointe derrière son oreille,
La pointe derrière mon oreille,
Marque du moule,
Moule familial.

Abandonner.
Il faut abandonner
Le corps,
Le ranger à la cave.
Dans le frigo.
Le conserver au frais jusqu’à la date.
A la date indiquée.

A la date limite,
Prendre note une dernière fois,
Des méandres de l’écorce.
Enregistrer.
Photographier.
Mémoriser.
Intérioriser.
La limite ne peut être franchie.
 
Après la glace,
Le feu,
Et encore le souvenir.
Après le feu,
L’air
Et la poussière répandue.

Dans les yeux
Sur la terre,
Sur la neige.

Et puis plus rien.
Rien.
Rien.

Ou bien si,
Si peu de chose.
Un souvenir.
La clé qui tourne
Dans la serrure
Et dans la tête
Et qui délivre
A quatre heure et quart
Du matin
Des monstres de l’avant.

Que vais-je faire
Maintenant
Des monstres de l’après ?
Sans ma mère.

 

No hay comentarios:

Publicar un comentario