miércoles, 17 de octubre de 2012

Les écureuils.



C’est juillet.

J’ai cinq ans et mon frère douze.

J’ai le droit de me promener en maillot de bain tous les jours. Je peux jouer avec le tuyau d’arrosage. Aussi.


Je suis mon frère partout parce qu’il fait toujours des trucs incroyables.


C’est le mois des cerises dans le jardin de la propriétaire de la maison de ma grand-mère.
La proprio nous autorise, nous les pauvres, à faire la cueillette. Et puis on partage la récolte.
Moitié pour elle parce qu’ils sont deux, moitié pour nous parce qu’on est six.
Après, on met tout en bocaux. Ça prend des plombes.


Ma mère grimpe, grimpe très haut dans l’arbre. Elle a cinquante ans mais c’est un écureuil.
La proprio, elle, elle ne sait pas embrasser les arbres. Elle reste au pied, les pieds fixés dans la terre et le cul trop lourd.

Ma maman, elle, elle vole et sa tête apparaît entre les feuilles. Disparaît et apparaît. Toujours plus haut et moi je l’aime.

Moi j’ai le droit de faire le pitre sur l’escabeau. Et si tu te fais mal, tu ne viendras pas chouigner.

Mon frère est en short, torse nu, je l’aime aussi mon frère. Il fait toujours des trucs incroyables.
Ils roulent ses yeux blancs pour me faire peur. Il lève la roue de son vélo et roule, roule, roule.
Il tire aux fléchettes, fait péter des pétards, écrabouille les limaces.
Il m’accroche dans les arbres quand il ne veut plus que je le suive comme un toutou. Je braille. Trop tard, il est parti. Il revient me chercher, longtemps plus tard.
Il construit des toboggans en carton dans les escaliers. Il fait dégouliner sa bave au coin des lèvres pour me dégouter. Mais ma mère n’a jamais le temps de le voir. Je braille.

Les cageots se remplissent et je me fais des boucles d’oreille avec les cerises.

Je suis la fille de ma maman et seulement de ma maman.

Plus tard, moi aussi, je serai un écureuil volant.
Mon poil sera beau, brillant et je ramasserai plein de noisettes que j’irai planquer dans la forêt.

Personne ne les trouvera, et les riches peuvent aller se faire foutre.






 
 

 

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