viernes, 1 de febrero de 2013

Chat Noir.




 
 
Une cigarette au bec et un verre de Gato Negro sur la table. Dans le silence.

Elle boit son chat noir à petites gorgées.

Les choses ne sont ni toutes noires ni toutes blanches, pense-t-elle.


Elle envoie une petite note à l’attention de son prochain fiancé :

 

Avant lavage d'une âme fragile, lire avec soin les instructions.

Laver à l’eau froide séparément.

Ne pas utiliser d’eau de javel.

Ne pas tordre, ne pas laisser tremper.

Sécher à l’ombre.

Repasser à basse température.

 

Peut-être aurait-elle dû acheter une bouteille de Santa Rita, la sainte patronne de causes perdues.


Elle écrit comme elle pisse. Et elle en jouit. Quand l’envie devient insupportable, elle baisse son pantalon derrière une voiture. Ça fait des petites rivières sur le goudron, c’est joli et ça sent bon. Elle remonte sa culotte et elle se sent mieux. Elle peut continuer son chemin.

Sur son cahier, ça fait des petites lignes et encore des petites lignes. Elle se soulage.

 
En ce moment, elle est chat noir. Manque de bol, manque de chance. C’est le sel de la vie. Celui qui donne de la saveur paraît-il. Elle a peut-être eu la main un peu lourde avec la salière. Elle perd son portefeuille, elle crève un pneu, elle casse un essuie-glace en pleine averse, la batterie est à plat, elle s’étripe avec les collègues,… les fiancés sont présents sans être là ou bien, ils sont là sans être présents.


Et les amis de reprendre en chœur le célèbre refrain. Tu sais, tu peux compter sur moi, tu peux m’appeler… mais tu sais, le mieux encore, c’est que tu perdes mon numéro de téléphone. Chacun dans sa chacunière.

Elle est seule et seule, elle affrontera la vie.


Elle se cramera encore la langue à bouffer de la soupe trop chaude, de la soupe trop épicée, de la soupe trop mélasse. De la soupe à la limace ou de la soupe à la couleuvre. Elle en mange et elle en mangera encore des trucs vénéneux.

 
Quatrième verre de chat noir, enfin il commence à faire son effet.

Il sera bientôt temps d’aller jouer les autruches sous la couette en attendant la petite aube qui ne promet rien de meilleur.


C’est la vie, dit-on. Mais elle s'insurge, c’est la vie, si je veux !


Il pleut des klaxons sur la ville en pleurs.


Elle n’y retournera pas ce soir dans ce bordel tonitruant. Elle ne courra pas derrière les taxis qui l’aident à courir derrière les hommes.

 
Ce soir, c’est relâche. Elle ne donnera pas de grand spectacle. L’actrice s’est démaquillée et a rangé ses faux-cils au fond du tiroir. Rideau.

 
Les choses ne sont ni toutes blanches ni toutes noires. Elles peuvent déteindre aussi.

Tout dépend du programme de lavage choisi.

 
 

 

 

 

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