Journal
de Compostelle.1.
Attention ! Texte en chantier ! Des carnets de notes sont encore en attente...
Corrections d'orthographe et de style en attente....Ma pensée en attente....encore et toujours...
Une idée
faisait le va-et-vient dans ma tête depuis longtemps. Elle était embusquée sous de nombreux rêves. Elle
s’intitulait : marcher sur le chemin de Compostelle.
Et
puis en janvier 2013, les médecins à Bogota détectèrent dans mon sein gauche un
nodule. Il fallait pratiquer une biopsie. Je pris une double décision : attendre
mon retour en France pour réaliser l’examen et partir sur le chemin si les résultats
annonçaient ma bonne santé. Mon remerciement
à la vie s’écrirait sous la forme d’un effort physique. Si je possédais un
corps en bon état de fonctionner alors je me devais de l’utiliser. Une
injonction qui n’est pas nouvelle pour moi.
14
juillet
Je
me tourne et me retourne toute la nuit. J’explore les quatre coins du lit. Je cauchemarde.
Il y a des chenilles vertes poilues qui me courent sur le corps. Je me tords de
douleur. Elles cherchent à s’enfoncer comme une vis dans ma chair. Je demande
de l’aide à une amie. Elle me dit qu’il n’y a rien à faire. Je pense que les chenilles
veulent entrer dans mes muscles pour devenir chrysalides et se transformer.
Je
me lève.
Je
ne pensais pas que ce serait si dur de partir. Marcher sur l’autoroute des pèlerins
me semble une micro aventure à portée de main. Elle n’est ni dangereuse ni
compliquée à organiser. J’ai beau me répéter cet adage, l’élan n’est pas au rendez-vous.
Mais qu’est-ce qui me dicte de ne pas partir ?
Je
sais : Je culpabilise d’abandonner ma famille. Chaque année, je passe en
France en coup de vent pour les saluer et repartir aussitôt. La voilà donc LA bonne raison de ne pas partir. Je souris car c’est
plutôt là mon atout Excuse. Je le pose sur la table tout en sachant qu’il
masque des raisons bien plus profondes. L’iceberg ne montre que sa toute petite
partie émergée.
Le
soir, je m’arrête à Baulme-la-Roche et je ramasse sept petits cailloux, à l’endroit
où reposent les cendres de ma mère et de mon frère.
15
juillet
Je
me lève et me tortille. C’est le jour des préparatifs. Je me rends au rayon
chaussures du supermarché des sportifs. Les allées se gondolent. J’ai la nausée.
Je passe une heure à essayer toutes sortes de godasses. On rêve d’ascèse et de
méditation et on se retrouve à étudier les comparatifs de semelles en
caoutchouc.
J’abandonne
finalement mon caddie à l’entrée du magasin et je pars en courant.
Je
suffoque. Je déjeune. Je tourne en rond et puis je décide de retourner sous les
néons de cette grande surface. Je jette toute sorte de matériel dans le caddie.
Il faut faire vite avant d’être
assaillie une nouvelle fois par le désir de fuir. Je réussis à passer à la
caisse. Je paye tout mon barda sans trop regarder la caissière dans les yeux de
peur d’y lire un quelconque signe de réprobation.
16
juillet
Je prépare
mon sac avec une minutie d’horloger-bijoutier. Je pèse chaque objet sur la
balance digitale de la cuisine. Une brosse à cheveux=54 grammes. Un peigne= 3
grammes. Je balance la brosse et je garde le peigne. Je remplis des mini-bouteilles
de shampoing, de lessive, de dentifrice, une trousse avec une paire de ciseaux,
une pince à épiler, un opinel, une cuillère, une crème de jour, une crème
solaire.
Je roule
une tenue complète de marche et une de nuit, une robe légère pour les soirées
chaudes. La deuxième tenue complète de marche, je la porterai sur moi. J’emballe
une paire de sandale. Je vérifie ma liste
et je coche. Une serviette microfibre, un sac à viande en soie, un cahier et un
stylo pour la prise de note, les papiers d’identité, la carte bleue (ce petit
morceau de plastique représente la sécurité dans le monde moderne), une
bouteille d’eau, un chapeau aux larges bords, un poncho en plastique.
Je
fais le choix de ne pas emporter de topo-guide. Les flèches du chemin me
suffiront. Je ne veux pas savoir à l’avance ce que je rencontrerai.
Avec
un bout de ficelle, j’accroche une coquille Saint Jacques à mon sac.
Les
sept petits cailloux se trouvent au fond à gauche.
Je
bois enfin un café. Cinq minutes de calme tout au plus car une idée fixe fait
son apparition sans crier gare: j’ai besoin d’un réveil. Je ne peux pas partir
sans réveil. L’obsession grandit. Je fouille les placards. Je panique. Il me
faut un réveil tout de suite, maintenant. Je suis une marmotte, je ne réussirai
jamais à me lever seule, je dois emporter un réveil. JE VEUX UN REVEIL !
Le
compte à rebours a commencé et déroule
son tapis de menace. Je descends au centre-ville à la recherche d’un réveil.
Comme une folle, j’entre dans chaque magasin susceptible de vendre la
merveille. En vain. Mes sandales me blessent, une ampoule enfle sous mon pied
gauche. Je n’ai pas encore commencé le chemin que déjà mes pieds crient au
secours.
J’arrive
chez ma sœur, elle n’a pas de réveil. Je ferraille avec elle pour une broutille.
Je préfère déclarer forfait. Je prends mes affaires et mon congé. J’avais peur
de la laisser derrière moi. Elle m’a donné une bonne occasion de partir. Nos névroses
respectives se sont mises à résonner au diapason, jusqu’à ce que ce ne soit
plus possible. C’est décidé, je pars.
Je
fais la queue au guichet et achète mon billet pour le lendemain.
Je
mange un kebab dans la cour de la gare en regardant les fenêtres de l’immeuble
où j’ai grandi. Demain, c’est d’ici que
je partirai. Le point d’origine.
17
juillet
Je
me lève un nœud dans le ventre. J’enfile ma tenue de marche. Je la trouve particulièrement
laide.
Au détour
d’une rue, je suis perdue. Je reconnais les maisons. C’est le quartier de mon
enfance mais malgré cela, je suis perdue le temps d’une seconde. Tout est
familier et tout est méconnaissable. Un sentiment très étrange aux allures de
cauchemar éveillé.
Je
me laisse bercée par le train. Je traverse Paris en métro. Les gens se rendent
au travail et me regarde avec envie. Ma tenue et mon sac sont la preuve que je
m’en vais. Moi, je les envie d’aller travailler, d’être bien au chaud dans leur
routine alors que moi, le froid de l’inconnu me fait tressaillir.
Je
ferme les yeux. Quand je les ouvre, je lis le nom de la station : Saint Jacques.
Le signe peut-être que je suis sur la bonne route. On se rassure avec pas
grand-chose.
les
voyages nous tranforment toujours mais on est pas toujours aux aguets. a la
differnece du pelerinage ou l’on attend avec impatience chaque modification de
son etre. on espere un avant et un apres.
Je
prends un autre train. 6 heures sur un strapontin, dans la chaleur, coincée
entre les valises et les empoignades d’autres voyageurs. On croirait un New
Dehli-Bombay mais non c’est un Paris-Bayonne. Rien ne me surprend, l’épreuve a
commencé pour moi, il y a quelques nuits déjà.
J’arrive
au bureau des pèlerins à Saint Jean Pied de Port. Je fais la queue pour obtenir
ma credenciale. Je remarque que la majorité des pèlerins sont mal équipés,
enfin selon mes critères d’experte en balance Roberval. Tout cela me rassure. Ils
monteront dans la galère avant moi. Entrevoir la fragilité des autres me rend
plus forte. Ce n’est guère à mon honneur, je le sais et je le regrette. Je
crois qu’il s’agit d’un vieil instinct qui provient de mon cerveau reptilien. Je
me sens plus légère quand le couperet de la sélection naturelle s’abat sur des
inconnus.
Je
trouve une chambre dans le village et
malgré le réconfort que m’apporte la vulnérabilité des étrangers, je dors en
pointillé.
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