viernes, 7 de noviembre de 2014

Journal de Compostelle.1.


Journal  de Compostelle.1.








Attention ! Texte en chantier ! Des carnets de notes sont encore en attente...

Corrections d'orthographe et de style en attente....Ma pensée en attente....encore et toujours...




Une idée faisait le va-et-vient dans ma tête depuis longtemps. Elle était  embusquée sous de nombreux rêves. Elle s’intitulait : marcher sur le chemin de Compostelle.

Et puis en janvier 2013, les médecins à Bogota détectèrent dans mon sein gauche un nodule. Il fallait pratiquer une biopsie. Je pris une double décision : attendre mon retour en France pour réaliser l’examen et partir sur le chemin si les résultats annonçaient  ma bonne santé. Mon remerciement à la vie s’écrirait sous la forme d’un effort physique. Si je possédais un corps en bon état de fonctionner alors je me devais de l’utiliser. Une injonction qui n’est pas nouvelle pour moi.

14 juillet

Je me tourne et me retourne toute la nuit. J’explore les quatre coins du lit. Je cauchemarde. Il y a des chenilles vertes poilues qui me courent sur le corps. Je me tords de douleur. Elles cherchent à s’enfoncer comme une vis dans ma chair. Je demande de l’aide à une amie. Elle me dit qu’il n’y a rien à faire. Je pense que les chenilles veulent entrer dans mes muscles pour devenir chrysalides et se transformer.

Je me lève.

Je ne pensais pas que ce serait si dur de partir. Marcher sur l’autoroute des pèlerins me semble une micro aventure à portée de main. Elle n’est ni dangereuse ni compliquée à organiser. J’ai beau me répéter cet adage, l’élan n’est pas au rendez-vous. Mais qu’est-ce qui me dicte de ne pas partir ?

Je sais : Je culpabilise d’abandonner ma famille. Chaque année, je passe en France en coup de vent pour les saluer et repartir aussitôt. La voilà donc LA  bonne raison de ne pas partir. Je souris car c’est plutôt là mon atout Excuse. Je le pose sur la table tout en sachant qu’il masque des raisons bien plus profondes. L’iceberg ne montre que sa toute petite partie émergée.

Le soir, je m’arrête à Baulme-la-Roche et je ramasse sept petits cailloux, à l’endroit où reposent les cendres de ma mère et de mon frère.

15 juillet

Je me lève et me tortille. C’est le jour des préparatifs. Je me rends au rayon chaussures du supermarché des sportifs. Les allées se gondolent. J’ai la nausée. Je passe une heure à essayer toutes sortes de godasses. On rêve d’ascèse et de méditation et on se retrouve à étudier les comparatifs de semelles en caoutchouc.

J’abandonne finalement mon caddie à l’entrée du magasin et je pars en courant.

Je suffoque. Je déjeune. Je tourne en rond et puis je décide de retourner sous les néons de cette grande surface. Je jette toute sorte de matériel dans le caddie. Il faut faire vite avant  d’être assaillie une nouvelle fois par le désir de fuir. Je réussis à passer à la caisse. Je paye tout mon barda sans trop regarder la caissière dans les yeux de peur d’y lire un quelconque signe de réprobation.

16 juillet


Je prépare mon sac avec une minutie d’horloger-bijoutier. Je pèse chaque objet sur la balance digitale de la cuisine. Une brosse à cheveux=54 grammes. Un peigne= 3 grammes. Je balance la brosse et je garde le peigne. Je remplis des mini-bouteilles de shampoing, de lessive, de dentifrice, une trousse avec une paire de ciseaux, une pince à épiler, un opinel, une cuillère, une crème de jour, une crème solaire.

Je roule une tenue complète de marche et une de nuit, une robe légère pour les soirées chaudes. La deuxième tenue complète de marche, je la porterai sur moi. J’emballe une paire de sandale.  Je vérifie ma liste et je coche. Une serviette microfibre, un sac à viande en soie, un cahier et un stylo pour la prise de note, les papiers d’identité, la carte bleue (ce petit morceau de plastique représente la sécurité dans le monde moderne), une bouteille d’eau, un chapeau aux larges bords, un poncho en plastique.

Je fais le choix de ne pas emporter de topo-guide. Les flèches du chemin me suffiront. Je ne veux pas savoir à l’avance ce que je rencontrerai.

Avec un bout de ficelle, j’accroche une coquille Saint Jacques à mon sac.

Les sept petits cailloux se trouvent au fond à gauche.

Je bois enfin un café. Cinq minutes de calme tout au plus car une idée fixe fait son apparition sans crier gare: j’ai besoin d’un réveil. Je ne peux pas partir sans réveil. L’obsession grandit. Je fouille les placards. Je panique. Il me faut un réveil tout de suite, maintenant. Je suis une marmotte, je ne réussirai jamais à me lever seule, je dois emporter un réveil. JE VEUX UN REVEIL !

Le compte à rebours  a commencé et déroule son tapis de menace. Je descends au centre-ville à la recherche d’un réveil. Comme une folle, j’entre dans chaque magasin susceptible de vendre la merveille. En vain. Mes sandales me blessent, une ampoule enfle sous mon pied gauche. Je n’ai pas encore commencé le chemin que déjà mes pieds crient au secours.

J’arrive chez ma sœur, elle n’a pas de réveil. Je ferraille avec elle pour une broutille. Je préfère déclarer forfait. Je prends mes affaires et mon congé. J’avais peur de la laisser derrière moi. Elle m’a donné une bonne occasion de partir. Nos névroses respectives se sont mises à résonner au diapason, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. C’est décidé, je pars.

Je fais la queue au guichet et achète mon billet pour le lendemain.

Je mange un kebab dans la cour de la gare en regardant les fenêtres de l’immeuble où j’ai grandi.  Demain, c’est d’ici que je partirai. Le point d’origine.

17 juillet

Je me lève un nœud dans le ventre. J’enfile ma tenue de marche. Je la trouve particulièrement laide.

Au détour d’une rue, je suis perdue. Je reconnais les maisons. C’est le quartier de mon enfance mais malgré cela, je suis perdue le temps d’une seconde. Tout est familier et tout est méconnaissable. Un sentiment très étrange aux allures de cauchemar éveillé.

Je me laisse bercée par le train. Je traverse Paris en métro. Les gens se rendent au travail et me regarde avec envie. Ma tenue et mon sac sont la preuve que je m’en vais. Moi, je les envie d’aller travailler, d’être bien au chaud dans leur routine alors que moi, le froid de l’inconnu me fait tressaillir.

 

Je ferme les yeux. Quand je les ouvre, je lis le nom de la station : Saint Jacques. Le signe peut-être que je suis sur la bonne route. On se rassure avec pas grand-chose.



les voyages nous tranforment toujours mais on est pas toujours aux aguets. a la differnece du pelerinage ou l’on attend avec impatience chaque modification de son etre. on espere un avant et un apres.

Je prends un autre train. 6 heures sur un strapontin, dans la chaleur, coincée entre les valises et les empoignades d’autres voyageurs. On croirait un New Dehli-Bombay mais non c’est un Paris-Bayonne. Rien ne me surprend, l’épreuve a commencé pour moi, il y a quelques nuits déjà.

J’arrive au bureau des pèlerins à Saint Jean Pied de Port. Je fais la queue pour obtenir ma credenciale. Je remarque que la majorité des pèlerins sont mal équipés, enfin selon mes critères d’experte en balance Roberval. Tout cela me rassure. Ils monteront dans la galère avant moi. Entrevoir la fragilité des autres me rend plus forte. Ce n’est guère à mon honneur, je le sais et je le regrette. Je crois qu’il s’agit d’un vieil instinct qui provient de mon cerveau reptilien. Je me sens plus légère quand le couperet de la sélection naturelle s’abat sur des inconnus.

Je trouve une chambre  dans le village et malgré le réconfort que m’apporte la vulnérabilité des étrangers, je dors en pointillé.

 

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