viernes, 7 de noviembre de 2014

Journal de Compostelle.5.


Attention ! Texte en chantier ! Des carnets de notes sont encore en attente...




Journal de Compostelle.5.

9 août  Muxia

Je vais à la plage. Je me repose. Je m’étends et j’essaie d’épouser chaque grain de sable. Un pèlerin gothique s’assoit à mes côtés. Il me demande une cigarette. Ses bras sont couverts d’encre noire et les lobes de ses oreilles descendent presque jusque sur ses épaules. On regarde ensemble l’horizon sans dire un mot.

au debut du chemin on pose beaucoup de questions aux autres et toujours les memes. on demande souvent aux autres pourquoi ils font le chemin. a la fin on ne demande plus rien car on a perdu la reponse en route, alors la question aussi. ne plus poser de questions devient naturel. faire le chemin est devenu une necessité pour tous et de moins en moins une decision propre á soi. ce serait meme mal venu de poser la question.

je n’ai toujours pas la reponse. est ce que je veux etre mere. j’ai peur qu’un enfant me fasse voler en eclat, m’enleve du temps,de la liberté… j’ai peur de crouler sous le poids des responsabilité.

10 août Muxia – Santiago

j’attends á l’arret de bus et je vois passer un chein avec une coquille de saint jacques accrochée á son collier.

Coquille ou bien patte d’oie ou bien une main ouverte: de multiples lignes convergent vers un seul point. En suivant ce raisonnement, il n’y avait donc pas de point de départ précis mais une arrivée certaine. A présent, je sais que  le chemin ne mène nulle part.  Je suis arrivée pour repartir. Ce n’est pas une ligne droite de A vers B. C’est un cercle.

11 août Aéroport de Santiago.

dans le bus, en allant á l’aeroport, je vois les pelerins qui descendent vers la cathedrale. ils  ont tous cet air halluciné, ce sourire sur les levres et les jambes pleines d’allant. je me reconnais.

Je prends l’avion pour Paris. J’arrive á Chatelet. Je marche jusqu’à la gare de Lyon. Un trajet qui aurait pu me paraitre long autrefois et qui me semble dérisoire aujourd’hui. La ville me semble triste et sale. Les poubelles dégueulent á chaque coin de rue.

12 aout- 15 aout en vadrouille chez les amis

je dors douze heures, heberluée par ce que je viens de vivre. toute la nuit je revois en image le chemin. il defile sous mes paupieres.

au reveil

avec mes amis, je suis evidemment intarissable mais je n’ai plus qu’une envie : prendre la route…mes jambes fourmillent…je veux retrouver l’essence : regarder les nueages, savoir lh’heure qu’il est en regardant le soleil, ecouter mes pas…l’eau de la gourde qui acquiert une autre saveur, le corps qui s’ecrase sur le matelas le soir, le gout du pain qui prend une autre dimension…l’eau de la douche apres une journee de marche au soleil ne coule pas sur le coprs de la meme manière que l’eau de la douceh avant de partir travailler. j’enumere des clichés, bien sur mais des cliches vecus.

mon cerveau est lui aussi en marche. je n’arrete plus de penser.

j’ai été capable de partir une fois, je repartirai.

on me demande : tu dois te sentir puissante apres autant de kilometres. non. j’ai rencontré des personnes qui marchaient depuis un mois, deux mois, trois mois…á chacun de se proposer son chemin…on ne ressent ni inferiorité ni superiorité. nous avons en commun l’experience de la solitude dans la marche.

16 août Dijon – Meuilley.

Je marche sur les chemins de ma Bourgogne natale. La veille, j’ai appelé mon « neveu –frère » pour le prévenir de mon arrivée. A pied. Même s’il est un peu surpris par mon projet, il fait mine de rien. Plus que quelque mètres et je franchirai la barrière de son jardin, mon cœur s’embellit. Et puis rien. Pas d’enthousiasme, pas d’euphorie de sa part. En Colombie, on se roulerait tous par terre. C’est dans ce genre de situation que je remarque á quel point je ne suis plus une française française.

20 août Dijon – Baulme la Roche.

La boucle est bouclée. Je suis en haut des falaises. Je jette dans le vide mes sept pierres ramassées à Fisterra. Le granit rejoint le calcaire. Je remercie et je fais un vœu.

 

J’ai parcouru 550 km. Qu’est-ce que cela représente. Tout et rien. Ça peut sembler beaucoup aux autres .Et pourtant ça me semble si peu. J’ai rencontré des personnes qui marchaient depuis 3-4 mois. Un allemand, un autrichien, un tchétchène, un polonais. Ils avaient traversé l’Europe. Sans un sou en poche, en sandales, ou bien avec un sac á dos militaire pour le moins ergonomique. Alors mon petit exploit ne vaut pas bien cher á mes yeux.

Malgré tout je suis fier un petit peu tout au fond de moi.

mais le chemin est risqué. il peut demultiplié notre ego. non pas á cause de l’exploit physique, celui lá semble une broutille mais á cause de l’acces á de nouvelles pensees. on se sent initié, mieux que tout le monde, elu, au dessus du commun des mortels. la est le risque , tapi, sourd.

pourtant nos decouvertes sont peut etre bien maigres. mais la solitude, le fait qu’on ne les partage avec personne font qu’elles deviennent de veritables revolution et qu’elles restent incomprehensibles aux autres. meme á nos compagnons de chemin. mais n’est ce pas tout simplement le resumé dela vie. qui sait ce que l’on vit sinon nous-mêmes. et encore…

Il y a donc plus fort que nous et moins fort que nous, et l’un comme l’autre sont respectables.

Qu’est-ce que j’ai appris ? J’ai appris que ma volonté était capable de m’emmener bien loin, bien plus loin que je ne le croyais.

Ultreia !

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