miércoles, 27 de marzo de 2013

Célibataire.





Célibataire, c’est libertaire, pourrait ponctuer le psychanalyste.

Dans son appartement, elle boit trois bières en écoutant « Assise en tailleur sur son canapé ».  Elle ne fait pas de miettes de Savane. Ici, il n’y a pas de savane et encore moins de Papy Brossard.

Mais elle fait tomber ses cendres sur le parquet. Finalement c’est pareil: les miettes, les cendres…elle n’attend personne. Les continents  sont vides. C’est la toundra à 360 degrés. En Amérique, en Europe, en Asie… Personne.

Elle est amoureuse. Son cœur tremblote. Pour qui ? Pour personne. Pour l’absent. Le grand absent. Celui que le concierge n’annoncera jamais.

-Allo Mademoiselle,  c’est de la part de Personne.

-Mais, oui bien sûr, faites entrer.

Elle est en fait amoureuse de l’œil qu’elle imagine qui la regarde. Juste au-dessus d’elle, un cadrage en plongée vers le canapé.

Un œil qui la suit partout, toujours. Un œil qui n’existe pas mais qui dirait s’il avait une bouche «  Quelle belle fille ! Oui, quelle belle fille ! »

Célibataire entourée de lumière froide.

Avec toujours cette même rage de vivre. C’est bien ma fille. Je suis amoureux. Elle est amoureuse. Une gorgée et une chanson.

Un appartement. Les murs repeints en blanc. La vie repeinte en blanc, enfin en exagérant un peu tout de même. Ce qui est son lot.

Elle court derrière cet absent. Encore et toujours. Il porte tous les noms possibles. Interchangeables. Papa, fiancé, copain, amant, ami, inconnu, frère, époux, régulier, intime.

Célibataire sous un plafond en lambris. Accompagnée par son œil. Dans son appartement aux murs blancs. Elle sirote.

Le concierge ne sonnera pas. C’est dimanche soir et puis elle est célibataire. Seule avec son œil tout nu.

Elle raconte ses souvenirs. Elle les exhibe. Ça lui donne à chaque fois  l’impression de vomir un petit ovaire tout rouge sur la feuille.

Elle le met à distance, le regarde, l’examine. Il existe encore mais il n’est plus en train de bouillir à l’intérieur d’elle-même.

Les gens peuvent l’observer, l’adopter, le triturer et puis partir avec.
Il sera éparpillé, éclaté et vibrera chez d’autres personnes.
Elle sait qu’il voyagera, qu’il continuera de vivre.
Il palpitera longtemps. Ailleurs. Plus loin.

Un petit ovaire rouge consommé, donné en pâture. C’est ça qu’elle veut : partager son monde intérieur. Ainsi, il ne disparaîtra pas. Il sera tenu au chaud mais à distance. C’est plus facile à conserver.

Alors, elle rédige une petite annonce au crayon à papier. Elle écrit de l’autre côté du papier aluminium trouvé à l’intérieur du paquet de cigarettes :

Recherche lecteur assidu
et disposé à héberger
petit souvenir couleur rouge ovaire.
Pas sérieux s’abstenir.

No hay comentarios:

Publicar un comentario