Dans
son appartement, elle boit trois bières en écoutant « Assise en tailleur
sur son canapé ». Elle ne fait pas
de miettes de Savane. Ici, il n’y a pas de savane et encore moins de Papy Brossard.
Mais
elle fait tomber ses cendres sur le parquet. Finalement c’est pareil: les
miettes, les cendres…elle n’attend personne. Les continents sont vides. C’est la toundra à 360 degrés. En
Amérique, en Europe, en Asie… Personne.
Elle
est amoureuse. Son cœur tremblote. Pour qui ? Pour personne. Pour l’absent.
Le grand absent. Celui que le concierge n’annoncera jamais.
-Allo
Mademoiselle, c’est de la part de Personne.
-Mais,
oui bien sûr, faites entrer.
Elle
est en fait amoureuse de l’œil qu’elle imagine qui la regarde. Juste au-dessus
d’elle, un cadrage en plongée vers le canapé.
Un
œil qui la suit partout, toujours. Un œil qui n’existe pas mais qui dirait s’il
avait une bouche « Quelle belle fille ! Oui, quelle belle
fille ! »
Célibataire
entourée de lumière froide.
Avec
toujours cette même rage de vivre. C’est bien ma fille. Je suis amoureux. Elle
est amoureuse. Une gorgée et une chanson.
Un
appartement. Les murs repeints en blanc. La vie repeinte en blanc, enfin en
exagérant un peu tout de même. Ce qui est son lot.
Elle
court derrière cet absent. Encore et toujours. Il porte tous les noms
possibles. Interchangeables. Papa, fiancé, copain, amant, ami, inconnu, frère, époux,
régulier, intime.
Célibataire
sous un plafond en lambris. Accompagnée par son œil. Dans son appartement aux murs
blancs. Elle sirote.
Le
concierge ne sonnera pas. C’est dimanche soir et puis elle est célibataire.
Seule avec son œil tout nu.
Elle
raconte ses souvenirs. Elle les exhibe. Ça lui donne à chaque fois l’impression de vomir un petit ovaire tout
rouge sur la feuille.
Elle le met à distance, le regarde, l’examine. Il existe encore mais il n’est plus en train de bouillir à l’intérieur d’elle-même.
Les gens peuvent l’observer, l’adopter, le triturer et puis partir avec.
Il sera éparpillé, éclaté et vibrera chez d’autres personnes.
Elle sait qu’il voyagera, qu’il continuera de vivre.
Il palpitera longtemps. Ailleurs. Plus loin.
Elle le met à distance, le regarde, l’examine. Il existe encore mais il n’est plus en train de bouillir à l’intérieur d’elle-même.
Les gens peuvent l’observer, l’adopter, le triturer et puis partir avec.
Il sera éparpillé, éclaté et vibrera chez d’autres personnes.
Elle sait qu’il voyagera, qu’il continuera de vivre.
Il palpitera longtemps. Ailleurs. Plus loin.
Un
petit ovaire rouge consommé, donné en pâture. C’est ça qu’elle veut :
partager son monde intérieur. Ainsi, il ne disparaîtra pas. Il sera tenu au
chaud mais à distance. C’est plus facile à conserver.
Alors,
elle rédige une petite annonce au crayon à papier. Elle écrit de l’autre côté
du papier aluminium trouvé à l’intérieur du paquet de cigarettes :
Recherche
lecteur assidu
et disposé à héberger
petit souvenir couleur rouge ovaire.
Pas
sérieux s’abstenir.
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