miércoles, 26 de septiembre de 2012

Salle d'attente.4.


Salle d’attente.4.



 
Elle crève, crève, crève. Elle tremble, tremble, tremble. Elle a mal, mal, mal. Et toujours ces deux putains de bougies pour unique compagnie. On lui arrache le cœur, mais c’est qui « on » ? Que faire, que dire, quelle carte abattre au jeu du chat et de la souris. Des heures et des heures à vivre avec soi. La carence est un gouffre, comme s’il n’y avait plus rien d’autre que le vide béant.

Les pièces du puzzle semblent s’emboiter à première vue mais rien ne s’encastre parfaitement. C’est fait à la main, ça s’ajuste mal, faut limer, raboter, poncer, rajouter. La camomille lui réchauffe l’estomac puis lui met les tripes en vrille. Rituel du soir, désespoir.

La ville est sombre, bien sombre. Laisser passer, laisser pisser, laisser se faire blesser. Elle a du plomb dans l’aile, dans l’estomac, dans le crâne. Elle souffre comme une marguerite effeuillée. Elle n’est plus qu’un cœur jaune dénudé. Le pollen tombé à ses pieds, elle est une fleur ratatinée, épuisée. Une vie passée à courir derrière le train des hommes. Attendre, attendre le bel et tendre. Putain de merde. Salle d’attente de merde.

Sur la table, les revues féminines sont en désordre et toujours en couverture Carole Bouquet dans son chemisier de bourge’, les lèvres peintes, les perles autour du cou et quelques pattes d’oie au coin des yeux. Splendide, l’inatteignable, la couverture glacée.
Alors qu’elle, elle est  un monstre, une ombre, un dégoulis de quelque chose, un vilain petit truc dans un petit recoin, une serpillière au fond d’un seau, un vomi de rat, un machin fissuré qui cherche encore et toujours à contrôler la chute et le fracas.

C’est le bordel, toujours le bordel mais elle a intégré le très grand clan des femmes qui souffrent. Les victimes impuissantes, les traumatisées hystériques, les sages folles, les sorcières amazones.


 

 

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